Alors que les conséquences de la Covid-19 frappent de plein fouet l’économie mondiale avec des indicateurs macroéconomiques pratiquement au rouge. Certaines institutions craignent même une récession mondiale, surtout avec l’arrêt soudain de la machine économique des deux premières semaines du mois de novembre dans une bonne partie de la zone euro et ailleurs. le constat alarmant et l’aggravation de la baisse des prix de nombreuses matières premières, chose qui provoque chez un certain nombre de pays Africains le tarissement brutal de leurs entrées de liquidités.
De facto, tel n’est pas le cas pour notre pays la Guinée puisque les variables qui agissent sur sa croissance notamment le secteur minier ,les prix n’ont pas été modifiés comme le cas du pétrole pour des pays pétroliers. Mais ce secteur malgré son apport financier à l’Etat sa contribution reste faible comme retombée positive sur la vie des populations, faute d’un manque d’une véritable politique sectorielle qui entraîne une croissance non inclusive.
En effet, l’idée du moratoire est d’avoir la marge de manœuvre budgétaire, face à la pandémie puisque le service de la dette prend une part importante de nos recettes donc qu’on ne soit pas obligé de payer toute suite les services de la dette. De ce fait, il permet au budget de souffler puisque la rubrique pour la dépense du budget est le paiement de la dette et l’intérêt qui est par annuité ( chaque année) représente environ 18% des exportations de la Guinée.
Cependant, le souci avec la Guinée, face au moratoire qui est une bonne chose mais sauf qu’après l’initiative PPTE en 2010 ou la dette a été annulée soit ( 2/3 de la dette) en fin 2011 et de 2012 à 2013 avec la récession de l’économie guinéenne due au virus Ebola, la dette est passée à 35,44 % du PIB. Depuis lors elle ne fait que s’accroître car elle est passée de 35,44% à 41,5% du PIB en 2014 et cette tendance haussière perdure de 2015 à 2020 on se retrouve avec un ratio dette/PIB de 45,4% soit environ 4,2 Milliards $ donc quatre (4) fois celle de 2011 soit environ 1,1 milliards $ avec plusieurs évaluations devant le club de Paris. Le risque étant élevé et du coup on se retrouve dans les années à venir avec une dette trois fois supérieure à 4,2 milliards $.
L’inconvénient, ça compromet toutes les chances d’investissement les années à venir finalement on se retrouve face au problème d’incitation, le principe d’annulation de la dette et conduit un risque d’avoir la prime pour les mauvais élèves et les taux d’intérêt contractés sont supérieurs au taux croissance économique or la Guinée de 2011 à 2019 la Guinée n’a pas connu un taux de croissance de deux chiffres alors que les taux d’intérêt peuvent aller jusqu’à deux chiffres ( 16% , 17% etc) il y a ce qu’on appelle l’effet boule de neige c’est à dire le rythme d’accumulation de la richesse qui vous permet de rembourser la dette est beaucoup plus faible que le coût auquel vous accédez aux ressources et la dette s’accroît, les intérêts sont élevés finalement vous n’avez pas la marge de manœuvre. Tous ces facteurs qui provoquent le déficit budgétaire énorme ne sont que la prime de gouvernance.
C’est quand même aberrant de voir un pays (Guinée)qui a tout mais qui se retrouve avec des taux d’endettement supérieurs au PIB.
A mon avis, c’est un problème structurel avec un espace fiscal très étroit, la base fiscale elle même étroite, c’est pourquoi l’informel prend énormément de places dans les activités économiques donc quand l’Etat fait de déficits budgétaires pour relancer l’activité économique in fine n’a pas une retombée fiscale qui lui permettra de rembourser et ça devient un cycle de surendettement.
Donc nos autorités doivent changer la structure de notre économie afin de sortir de ce cycle mortifère de l’endettement qui maintient les guinéen dans l’extrême pauvreté. Cette pandémie doit une leçon mais aussi une opportunité en disant qu’elles peuvent prendre désormais le destin du pays en main.
Ousmane Camara
Economiste, résident en France ville de Metz