Les autorités guinéennes estiment que la loi sur le péage permettra de diversifier les sources de financement pour l’entretien du réseau routier. Cependant, cette initiative suscite des réactions mitigées, notamment de la part des acteurs du secteur des transports.
Le secrétaire général de la Fédération syndicale des transporteurs et de Mécanique générale (FSTMG), Elhadj Ousmane Horoya SYLLA, s’est exprimé ce mardi, 3 septembre 2024 sur cette loi instaurant le péage en Guinée. Il a qualifié cette législation de « simple proposition » qui, selon lui, ne saurait être appliquée dans l’état actuel des routes guinéennes.
« Je trouve cette loi normale dans son principe, mais elle ne pourra être mise en œuvre que dans les années à venir, certainement pas pour le moment. Vu l’état actuel de nos infrastructures routières, il est impossible d’appliquer cette loi. C’est lorsque les routes et les ponts sont bien construits qu’on peut envisager d’installer des péages. Malheureusement, nos routes sont en mauvais état, » a-t-il critiqué.
Néanmoins, Ousmane Horoya SYLLA dit comprendre l’intention des autorités de la transition qui lancées dans une dynamique de refondation. « Elles souhaitent s’inspirer de certains pays de la sous-région, comme la Sierra Leone, où il y a des péages mais où les routes sont bien construites. L’État guinéen a la vision de réaliser des infrastructures routières dignes de ce nom, et il est donc nécessaire de voter des lois qui pourront être appliquées ultérieurement, » insiste-t-il.
Le syndicaliste a également rappelé qu’à l’époque, des initiatives similaires ont été prises, mais n’ont pas abouti en raison de l’état déplorable des routes. Il souligne qu’il est inadmissible de faire payer des frais de péage à des conducteurs sur des routes dégradées, les obligeant ensuite à dépenser pour réparer leurs véhicules.
« Par le passé, il y a eu les mêmes propositions d’installation de péages. Le lieu était choisi, les engins étaient prêts à exécuter les travaux. Mais lorsque les autorités de l’époque ont constaté l’état de nos routes, elles ont dû renoncer à ce projet. Il est inconcevable qu’un conducteur paie le péage de son véhicule tout en devant ensuite dépenser une fortune pour le réparer, » a-t-il dénoncé.
Bien que la loi sur le péage et le pesage-péage soit perçue comme une source importante de revenus par les autorités, la situation du réseau routier guinéen, notamment dans les zones urbaines comme Conakry, reste préoccupante.
Aly Pires CAMARA