« En tant qu’ami au président DOUMBOUYA, moi qui l’ai fréquenté, j’ai pris mes distances, parce que je ne le reconnais plus… on a pris la voix de la dictature… »
C’est la rupture entre Élie KAMANO et le CNRD. Après avoir défendu le régime de la transition, l’artiste reggaeman est désormais dans une posture de clash vis-à-vis du gouvernement DOUMBOUYA dont il dénonce les véléïté de confiscation du pouvoir. Il critique également le CNRD pour l’« enlèvement » des leaders du FNDC et le muselement de la presse qui, selon lui, est un geste dictatorial.
Lors d’une conférence de presse tenue samedi 10 août à Dakar (Sénégal), l’artiste reggaeman guinéen Elie KAMANO a exprimé ses inquiétudes concernant la transition en Guinée. Critiquant ouvertement les autorités militaires, il a dénoncé « l’entêtement des militaires » à vouloir prolonger leur séjour au pouvoir.
« Aujourd’hui, nous assistons à l’entêtement des militaires qui veulent s’éterniser au pouvoir », a-t-il déclaré.
Selon Élie KAMANO, bien que le président Mamadi DOUMBOUYA soit arrivé avec de bonnes intentions, la situation actuelle montre un calendrier de retour à l’ordre constitutionnel relégué au second plan. Élie pointe du doigt les conseillers du président, les accusant de lui faire croire qu’il est indispensable à la tête du pays. « Le président Mamadi Doumbouya est arrivé avec une très bonne intention, mais nous assistons aujourd’hui, au fait que le calendrier pour le retour à l’ordre constitutionnel est mis dans le placard par la faute justement, des personnes qui sont autour du président, qui lui font croire qu’il est le seul capable aujourd’hui de diriger la Guinée (…) ».
Le chanteur a également exprimé sa crainte de voir la Guinée revivre un épisode violent similaire au 28 septembre 2009, si DOUMBOUYA venait à se porter candidat et tenter de s’imposer lors des prochaines élections. Face à cette situation, Elie KAMANO s’engage à sensibiliser la communauté internationale sur ce qu’il considère comme une volonté du président DOUMBOUYA de s’éterniser au pouvoir, affirmant que son combat sera désormais axé sur cette cause.
Cas « Foniké Menguè » et Bilo BAH et les médias
Au cours de la même conférence, Élie KAMANO a abordé le sujet de la disparition des leaders du FNDC. Il estime que c’est une situation dramatique pour le pays. « Je pense que le cas de Foniké Mangué et Billo BAH, ce n’est pas un emprisonnement. C’est un enlèvement, un kidnapping et c’est très grave pour une junte qui s’était présentée comme étant la solution aux problèmes de la Guinée (…). Aujourd’hui, nous constatons que ce n’était qu’un rêve… Moi en tant qu’ami au président DOUMBOUYA, moi qui l’ai fréquenté, j’ai pris mes distances, parce que je ne le reconnais plus », commente-t-il
Pour Élie KAMANO, l’on ne devrait s’étonner de la fermeture des médias car nous le pays est désormais dans une dictature.« Sur la fermeture des médias, ça ne doit pas vous étonner… on a pris la voix de la dictature (…) ».
Avec ces déclarations, nous pouvons sans risque de se tromper que c’est un revirement à 360°C. Élie KAMANO faisait partie des soutiens du CNRD, notamment après les sanctions de la CEDEAO contre lesquelles il a composé un clip vidéo : « La route est barrée ».