« … nous n’allons pas trembler, nous allons affronter, nous allons nous battre pour l’indépendance réelle, pour notre liberté… (Ibrahim TRAORÉ, président du Burkina Faso)
Les pays de l’Alliance des États du Sahel ont tenu lors premier sommet samedi, 6 juillet 2024. Lors de cette renocontre historique à Niamey (Niger), le Président de la transition du Burkina Faso, Ibrahim TRAORÉ, a prononcé un discours de justification de la naissance de cette nouvelle organisation. Son discours a mis en lumière les injustices et les frustrations vécues par les pays du Sahel face à l’exploitation et à l’ingérence étrangère. Décryptage complet d’un discours de révolution.
Un cri de révolte contre la pauvreté et l’exploitation
Ibrahim TRAORÉ a commencé par rappeler les classements économiques qui placent régulièrement le Burkina Faso, le Mali et d’autres pays du Sahel parmi les plus pauvres du monde. Il a dénoncé cette situation, soulignant l’ironie de voir des pays qualifiés de pauvres continuer à subir l’exploitation de leurs ressources par des puissances étrangères. « Si nous sommes aussi pauvres qu’ils le disent, pourquoi ne veulent-ils pas partir ? », a-t-il interrogé, soulignant le paradoxe de la présence persistante de ces puissances malgré leur déclaration de pauvreté des pays sahéliens. Ce qui n’est pas une accusation fortuite. Les puissances étrangères dont n’ont jamais voulu partir même après que les régimes de transition le leur aient demandé. Au Niger, dernier cas en date, il a fallu mes pressions internationales et des manifestations succesives de Nigériens pour que la France retire ses soldats et son Ambassadeur.
L’exemple du Niger : un cas d’injustice
Ibrahim TRAORÉ a cité l’exemple du Niger, où l’uranium est extrait « depuis plus de 40 ans » pour éclairer les rues « d’Ottawa à Paris », tandis que les Nigériens restent dans l’obscurité. Il a également évoqué l’exploitation de l’or et d’autres métaux précieux, qui laisse « les sols troués » sans offrir les infrastructures de base aux communautés locales. Ces situations ont, selon lui, motivé la décision des pays du Sahel de se révolter et de reprendre en main leur destin. « …ainsi n’acquît l’AES le 16 septembre 2023 dans une architecture de défense mutuelle. Mais nous avons jugé nécessaire de prolonger et d’agrandir donc l’architecture de l’AES », justifie-t-il.
Rejet de l’ingérence et affirmation de l’indépendance
Le Président burkinabè a dénoncé la « chaîne polimère » qui, selon lui, place à la tête des États africains « une élite formée et formatée » pour servir des intérêts étrangers. Il a affirmé que l’AES a été créée pour briser cette chaîne et rejeter l’ingérence étrangère. « …lorsque nous avons décidé ainsi, eh bien, nous avons été approchés par certains esclaves de salon pour nous passer le message de leurs maîtres, parce qu’ils avaient créé cette sorte de chaîne polimmaire qui se relève à la tête de nos États pour les servir – ils nous ont demandé dans les rangs pour faire partir de l’élite qui doit diriger l’Afrique, parce qu’ils ont une élite formés et formatée qui sont incrustés dans cette chaîne-là – nous sommes venus briser la chaîne – c’est inconcevable pour eux. Nous avons refuser de rentrer dans leurs rangs – dès lors, les hostilités ont commencé ».
Le Capitaine TRAORÉ a ensuite accusé certaines puissances d’envoyer des mercenaires et des agents pour déstabiliser la région, mais il a assuré que les peuples du Sahel sont désormais éveillés et déterminés à ne plus se laisser manipuler. « … Ils ont fait fourvoyer dans nos zones plusieurs mercenaires, des formateurs, des agents sont descendus fans le Sahel pour espéré de mener des attaques barbares, lâches contre nos populations pour espérer les révolter. En plus de ces attaques sur le terrain, les attaques communicationnelles, la d’information bas son plein dans leurs rangs. Mais, les peuples du Sahel ont compris. Et plus jamais, on ne pourra les manipuler. Ils savent d’où ils viennent, ils savent ce qu’ils font et ils savent où ils partent. Nous n’allons plus permettre cela. Les gens sont éveillés et les gens se battent aujourd’hui pas pour nous-mêmes, mais pour les générations à venir », a-t-il indiqué, visage serré.
Lutte pour i’Indépendance réelle
Le président du Faso a martelé que les peuples de l’AES se battent pour une indépendance réelle et une liberté authentique. Il a critiqué l’utilisation de concepts comme la démocratie, la liberté et les droits de l’homme par les puissances étrangères pour justifier leur ingérence. Il a affirmé que l’AES est prête à mener une guerre sans merci contre quiconque s’attaquerait à ses États membres, soulignant ainsi la détermination de l’organisation à défendre ses intérêts. « … nous n’allons pas trembler, nous allons affronter, nous allons nous battre pour l’indépendance réelle, pour notre liberté parce que pour faire peur aux peuples de l’AES, ces individus n’auront que trois termes dans la bouche : démocratie, liberté, droits de l’Homme. Bien sûr ! leurs valets locaux ne sont élus que dans un processus démocratique, libre et transparent, selon eux, leurs valeurs. Quoi de plus normal [anormal] qu’on veuille nous imposer cela, parce que c’est eux qui éditent les règles », lance ce jeune dirigeant.
Une vision pour l’avenir
Le Président de la transition burkinabè a conclu son discours en appelant à élargir les domaines d’intervention de l’AES au-delà de la défense mutuelle, en incluant les finances, les infrastructures et la santé. Il a exprimé l’espoir que l’AES devienne un modèle pour l’Afrique et le monde entier, symbolisant une nouvelle ère de solidarité et de développement pour les pays sahéliens.
En dénonçant l’exploitation et l’ingérence étrangères, il a justifié la création de l’AES comme une nécessité pour la défense des intérêts régionaux et la réalisation d’une véritable indépendance. Ce sommet marque un tournant dans la coopération régionale en Afrique de l’Ouest, avec l’espoir de construire un avenir plus juste et prospère pour les peuples du Sahel, les trois pays (Mali, Burkina et Niger) ayant réitéré leur retrait de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, CEDEAO qui a aussi tenue son 65ème sommet au lendemain de celui de l’AES. D’ores et déjà, l’Alliance a annoncé la création d’une banque d’investissement dans leur communiqué final.
Saa Joseph KADOUNO