Lors des plaidoiries et réquisitions dans le procès de l’ancien Premier ministre Ibrahima Kassory FOFANA, tenu ce lundi 20 janvier 2025, le représentant du parquet de la Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières (CRIEF) a dressé un tableau sévère. Accusé de « détournement de deniers publics, d’enrichissement illicite et de blanchiment de capitaux », l’ancien chef du gouvernement d’Alpha CONDÉ a vu sa gestion financière scrutée et sévèrement critiquée.
Un transfert suspect de fonds pour la lutte contre la COVID-19
Selon le parquet, Kassory FOFANA a orchestré le transfert de 15 milliards de GNF des comptes de la MAMRI (Mission d’Appui à la Mobilisation des Ressources internes) à l’ANIES (Agence nationale d’Inclusion économique et sociale), sous prétexte de répondre à la crise de la COVID-19. Ce transfert, effectué sur ses instructions personnelles, aurait été réalisé en l’absence d’une validation formelle du ministre du Budget, violant ainsi les règles de « l’orthodoxie financière ».
Malgré l’existence d’ordonnateurs réguliers à la MAMRI, Kassory aurait confié la gestion des fonds à son conseiller personnel chargé des questions financières, une décision que le parquet qualifie de délibérément contraire aux normes.
Un patrimoine jugé injustifiable
L’enquête aurait révélé un patrimoine impressionnant et diversifié appartenant à l’ancien Premier ministre :
- Une résidence à Washington, une maison inachevée à Forécariah et un domicile à Nongo.
- Des comptes bancaires « bien garnis » :
- 902 000 USD (compte n° 0984209286031).
- 906 613,50 EUR (compte n° 09842092860010).
- 1 015 848 992 GNF, bien au-delà de son salaire mensuel déclaré de 15 millions GNF (compte n° 09286000031).
Le parquet estime que ces montants ont été transférés sur ses comptes après sa nomination comme Premier ministre, en violation des dispositions légales sur la transparence des revenus des agents publics.
Des justificatifs jugés non convaincants
Face aux accusations, Kassory ayrait invoqué son salaire de 15 millions de francs guinéens par mois, les fonds de souveraineté de 12 milliards GNF logés à la BCRG, et les revenus d’un cabinet de consultation aux États-Unis pour expliquer son enrichissement. Cependant, ces explications n’ont pas convaincu le parquet, qui affirme que Kassory a usé de stratagèmes, tels que le « fractionnement des paiements », pour dissimuler l’origine des fonds.
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Des accusations appuyées par des textes légaux
Le représentant du parquet a rappelé les dispositions des articles 754 et suivants du Code pénal (détournement de deniers publics), l’article 776 (enrichissement illicite), et l’article 7 de la loi n° 024 du 17 août 2017 (blanchiment de capitaux). Pour la répression, il s’est référé aux articles 764 et suivants du Code pénal, ainsi qu’aux lois relatives à la lutte contre la corruption et le blanchiment de capitaux.
Le parquet a requis une peine de cinq ans d’emprisonnement ferme et une amende de 5 milliards GNF en plus des 15 milliards représentant le montant principal. Il a également demandé la saisie conservatoire des comptes bancaires de l’accusé.
Verdict attendu le 13 février 2025
Le tribunal rendra son verdict le 13 février 2025. En attendant, le parquet a insisté sur la nécessité de maintenir Kassory Fofana en détention,en conformité avec l’article 547 du Code de procédure pénale. soulignant que son comportement, notamment la « simulation d’une maladie » pour éviter les audiences, démontre une volonté de fuir la justice guinéenne.
À suivre !
Saa Joseph KADOUNO