Dans une nation véritablement démocratique, l’exercice du pouvoir doit être un droit inaliénable pour tout citoyen capable et pour toute entité fondé sur des principes socio-culturels de cette nation.
Nul n’a le droit de nier ni même de retarder à un citoyen d’acceder au pouvoir et de l’exercer sur des bases spéculatives et infondées.Cela créerait des frustrations chez les uns en les rendant étrangers perpétuels dans leur propre patrie, pendant que d’autres seraient les gestionnaires perpétuels du pouvoir, même s’ils sont incabables et incompétents.
Ce rejet d’éligibilité d’un groupe socio-culturel lorsqu’il est prolongé, ne pourrait-il pas servir de bombe à retardement d’une guerre destructive unitile ?
Un pouvoir qui est consensuel et démocratique dans une nation ne peut résister aux soubresauts politiques que s’il est enraciné dans les valeurs socio-culturelles de cette nation.
Beaucoup de nations africaines peinent à exercer la démocratie, simplement parce que cette démocratie est calquée sur des valeurs culturelles extrinsèques, c’est-à-dire étranges aux cultures africaines. Ce type de démocratie importée provenant d’une culture étrangère imposée ne saurait bien germer et produire les resultats escomptés sur un terreau culturel différent.
Cela n’expliquerait t-il pas l’une des causes du retard des pays africains depuis leur « indépendance » ?
Les fondements de la démocratie s’ils ne sont pas le reflet de la culture intrinsèque des populations ne peut être une solution, mais plutôt une entrave au développement, à la bonne gouvernance et à la sécurité.
Une démocratie qui n’est pas enracinée dans la culture des peuples peut-elle être prise en compte par ce peuple, et donc être légitime ?
Chez nous en Guinée, la démocratie peine à trouver son chemin parce que basée sur des principes d’exclusion enfouis dans certaines cultures.
Une démocratie véritable comme nous la prêchons en Guinée qui n’exprime pas les valeurs socio-culturelles comme fondement d’exercice du pouvoir ne serait-il pas la cause d’instabilité et de mécontentement ?
Une telle démocratie ne peut être basée que sur de la manipulation, la ségrégation et même la monopolisation du pouvoir par les uns au détriment d’une ou de plusieurs franges de la population se sentant abandonnées ou même apatrides dans leur propre patrie.
Quelle frustration pour cette catégorie de citoyens qui n’exerceront jamais le pouvoir tant qu’ils seront identifiés en tant que tels!
Loin d’un fédéralisme de quelque nature que ce soit, le pouvoir politique en Guinée ne pourait-il pas être attribué aux factions socio-culturelles dont le mandat et les attributions seraient de désigner par voie des urnes des candidatures à l’exercice du pouvoir pendant une periode bien déterminée que chaque entité exercera à tour de rôle dans le respect mutuel des trois autres par rotation ?
Pour nous, oui et nous estimons que cela permettrait d’éviter de conspirer contre certains citoyens en les éloignant définitivement du pouvoir même s’ils sont capables et compétents pendant que certaines entités jouissent seules du droit à l’exercice du pouvoir même si elles sont incapables incompétentes.
Les quatres piliers socio-culturels de la Guinée reflètent la diversité de l’expression de la gestion du pouvoir . Le pouvoir ne doit être l’apanage d’une quelconque entité sur des bases spéculatives . L’exercice du pouvoir doit être évolutif et non statique en privant les uns pour des motifs égocentriques.
Pour qu’il y ait une paix durable en Guinée, il faut donner à chaque entité soco-culturelle la chance de participer et d’apporter dans le temps et dans l’espace national son génie créatif inérant à notre nation pour engendrer une paix légitime et un développement durable accessible à tous.
L’impact des fêtes tournantes de l’indépendance de notre pays dans nos différentes régions naturelles pendant le régime du président Condé en est une parfaite illustration.
Persone n’a le droit d’ostraciser directement ou indirectement un citoyen à l’exercice du pouvoir politique en Republique Guinée.
Loin d’être un féderalisme, l’exercice du pouvoir dans un pays multiculturel doit être rotatif ou tournant basé sur des principes et un code de conduite prédéfini, collaboratif et non de subordination, mais d’égalité et d’impartialité entre les entités socio-culturelles.
Les quatres couches socioculturelles c’est à dire la basse Guinée, la moyenne Guinée, la haute Guinée et la Guinée forestière seront-elles incapables de choisir à tour de rôle par voie démocratique une personne consensuelle pour présider aux destinées de notre nation pendant une période prédéfinie? Nous pensons que non.
C’est pourquoi nous proposons au peuple de Guinée et aux nouvelles autorités en cette période de débat sur la nouvelle constitution de méditer sur ce mode de conquête et d’exercice du pouvoir démocratique pour permettre à chaque citoyen de jouir pleinement au moment venu de ses droits.
Par Maitre David Béavogui, avocat à la cour.