L’ancien Premier ministre guinéen, Ibrahima Kassory FOFANA, n’est pas encore situé sur son sort. Alors que ce jeudi, 13 février 2025 était prévu pour délibérer dans l’affaire qui l’oppose à l’État devant la Cour de Répression des Infractions économiques et financières (CRIEF), il devra attendre encore pour le 27 février prochain. À son absence mais en présence d’un de ses conseils, le président de la Cour a justifié cette prorogation par des « raisons de calendrier à la CRIEF ».
À la sortie de l’audience, l’un des avocats de la défense a réagi avec une certaine amertume : « On va laisser le temps au juge de délibérer souverainement. Souhaitons qu’il y ait fumée blanche, que le droit soit dit. »
L’avocat a tenu à rappeler que son client est malade et réclame des soins médicaux appropriés. Il a également souligné les incohérences dans l’affaire, comparant le sort de Kassory FOFANA à celui de la coordinatrice de la MAMRI, également poursuivie pour les 15 milliards GNF que son client aurait détournés, tout en insistant sur le fait que 12 milliards sont toujours logés à la Banque centrale. « Nous vous prions de faire constater que les 15 milliards que la coordinatrice de la MAMRI est devant la CRIEF pour être jugée pour le même montant. Nous vous prions de faire constater que Monsieur Kassory est poursuivi pour un montant de 15 milliards dont 12 milliards sont logés jusqu’à présent à la Banque centrale. Nous réitérons que les 3 milliards, c’est sur appel d’offre que l’actuel ministre de l’Énergie a bénéficié pour faire l’entretien sanitaire de l’ensemble des hôpitaux de la République », affirme-t-il.
Une affaire à forte connotation politique ?
Pour la défense, l’incarcération prolongée de l’ancien chef du gouvernement s’apparente à une détention arbitraire aux motifs politiques : « Nous sommes fatigués de cette détention préventive de plus de trois ans. Kassory croit à sa foi, à sa famille et à la République. Il croit à son innocence. »
Me BÉRÉTÉ a également dénoncé le non-respect d’une décision de justice de la CEDEAO, qui avait ordonné la libération de son client, ainsi que le refus d’exécution d’une caution de trois milliards déjà versée devant la CRIEF. « Si Kassory est condamné, ce sera une condamnation politique pour le disqualifier – notre lettre d’appel est disponible parce que ça sera une condamnation politique pour le faire disqualifier. Mais ça ne marchera pas. »
Pendant ce temps, l’ancien Premier ministre demeure privé de liberté et de soins, selon ses avocats.
Saa Joseph KADOUNO