Ce serait la fin d’une longue période de souffrance et le début d’une nouvelle ère d’espoir pour le collectif des déguerpis de Kaporo-rails, Kipé II et Dimesse. La Société Nationale d’Aménagement et de Promotion Immobilière (SONAPI) SA s’apprête à organiser une cérémonie à Wonkifon dans la préfecture de Coyah pour la restitution tant attendue des droits fonciers aux membres de ce collectif victimes d’expulsions forcées. La cérémonie prévue ce samedi 14 septembre 2024 marquera une avancée majeure dans la lutte pour la justice foncière en Guinée.
Depuis 1998, les habitants de ces zones de la commune de Ratoma, à Conakry, ont été victimes d’évictions forcées de leurs terrains, pourtant légalement acquis, selon eux. Ces expulsions, qui ont fait des milliers de victimes en 1998 puis à nouveau en 2019, ont été motivées par la volonté de l’État de réaménager cette réserve foncière de 202 hectares, créée en 1989, pour la construction d’un centre directionnel. L’objectif était alors de désengorger la presqu’île de Kaloum, siège de la quasi-totalité des administrations du pays.
Cependant, pour les habitants concernés, ces expulsions ont représenté une injustice, car les ayant privés de leurs foyers et de leurs biens, sans compensation adéquate.
Les autorités de la transition ont pris des mesures fortes pour réparer ce tort. Selon les instructions du Chef de l’État, Mamadi DOUMBOUYA, rapporté par la SONAPI S.A, elle a été mandatée pour mener à bien la restitution des titres fonciers des victimes.
« Le Gouvernement du CNRD, dirigé par Son Excellence le Général Mamadi Doumbouya, s’est engagé à réparer cette injustice en restituant les titres fonciers et parcellaires, tout en réaffirmant son engagement envers la justice et la réconciliation. Le Chef de l’État a donné des instructions à la SONAPI pour prendre les mesures nécessaires à la restitution et au dédommagement », lit-on dans un article de mosaiqueguinee citant la SONAPI qui souligne que cette initiative s’inscrit dans une politique de réconciliation nationale prônée par le président DOUMBOUYA
La cérémonie de restitution de Wonkifon va bien au-delà d’une simple remise de titres fonciers. Elle incarne une volonté politique forte de réparer les erreurs du passé et de rétablir la dignité des citoyens injustement lésés par des décisions gouvernementales. Pour ces victimes, c’est une reconnaissance attendue depuis plus de deux décennies et un pas vers la réconciliation nationale prônée par le président Mamadi Doumbouya.
Il est important de rappeler que le collectif des expulsés avait saisi la Cour de justice de la CEDEAO peu après les déguerpissements. Malheureusement, les procédures judiciaires ont été suspendues à la suite du coup d’État du 5 septembre 2021. Néanmoins, certains responsables de l’époque, comme l’ancien ministre de l’Habitat, Ibrahima KOUROUMA, et son Secrétaire général, Mohamed Maama CAMARA, avaient été poursuivis devant le tribunal de première instance de Dixinn pour plusieurs chefs d’accusation, dont abus d’autorité et destruction de biens privés. Si le tribunal s’est déclaré incompétent dans le cas d’Ibrahima KOUROUMA, Maama CAMARA, lui, a été condamné à cinq ans de prison et au paiement de quatre milliards de francs guinéens pour dommages etintérêts. Cependant, il reste introuvable depuis le coup d’État, tandis que l’ancien ministre est actuellement détenu pour des accusations de corruption et de détournement de fonds publics.
Ainsi, la restitution des droits fonciers aux victimes de Kaporo-rails, Kipé II et Dimesse représente une victoire non seulement juridique mais aussi morale. Elle symbolise le retour à une justice longtemps réclamée par ces familles et la volonté du gouvernement de tourner la page de ces années de souffrance pour ouvrir une nouvelle ère de paix sociale et de réconciliation.
La rédaction