Le 14 septembre dernier, une cérémonie de restitution des titres fonciers organisée par la SONAPI à Wonkifon, sous-préfecture de Coyah, a soné le glas de la lutte des victimes des déguerpissements de Kaporo-rails, Kipé II et Dimesse. Toutefois, les émotions sont encore palpables comme on a pu le constater à travers le témoignage de Makia TOURÉ mère de « six enfants », porte-parole des femmes victimes. Avec des mots lourds de sens, elle a exprimé la joie mêlée d’amertume que ces familles ressentent après tant d’années de lutte acharnée.
« C’est un sentiment de joie et de satisfaction après tant d’années de lutte. Comme la justice a été rendue, on peut remercier Dieu », a-t-elle entamé.
Derrière ce soulagement apparent, une autre réalité émerge : celle d’une victoire encore incomplète. Makia TOURÉ souligne que « c’est une victoire partielle », car le processus de « lotissement et de dédommagement » est loin d’être terminé.
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Cette attente prolongée pèse encore lourdement sur les épaules des victimes comme elle l’exprime dans son récit. « Quitter chez soi un beau matin pour se retrouver locataire… ensuite, séparé de ses enfants, éloigné de son lieu de travail, c’est vraiment difficile« , raconte-t-elle.
Les déplacements forcés ont fracturé les familles, perturbé les études des enfants, et imposé une charge financière écrasante aux parents, comme en témoigne son quotidien : entre Dubréka, où elle réside grâce à la générosité d’un oncle, et son lieu de travail à Conakry, elle débourse près de 50 000 francs par jour en transport et en repas.
« Ça a vraiment joué sur les études de mes enfants. Actuellement je ne suis avec aucun de mes enfants. Ils sont un peu partout chez mes parents à Conakry. Je ne paie pas de loyer grâce à mon oncle qui a sa maison à Dubréka, environ 28 km de Conakry. Les frais de transport et de déjeuner d’ici à mon lieu de travail (Conakry) s’élèvent à [environ] 50 000 francs par jour. Transport aller-retour 28 000, déjeuner 20 000« .
Ce cri de cœur traduit à la fois la reconnaissance envers les efforts fournis par les autorités, et l’appel pressant à une aide plus concrète pour permettre aux familles de reconstruire leur vie. « Nos attentes vis-à-vis des autorités n’est [ne sont] autres que nos mains tendues afin que nous puissions aménager [les domaines]. Parmi nous aujourd’hui, c’est les veuves, les vieux et les jeunes sans emploi. Il faut que le général Mamadi DOUMBOUYA, nous vienne en aide comme il l’a toujours fait », lance la mère de six enfants, tous écoliers.
Elle a conclu en exprimant sa gratitude exprimée envers le président de la transition, Mamadi DOUMBOUYA, et les avocats qui ont porté leur cause. « Je profite de votre antenne pour dire grand merci au président, Général Mamadi DOUMBOUYA, aux membres du CNRD, au gouvernement de Monsieur BAH Oury, à madame la Directrice de la SONAPI, Maïmouna Lor BARRY, à nos avocats, Me Alpha Yaya DRAMÉ du côté de la CEDEAO, et ceux de la Guinée (Me Paul Yomba [KOUROUMA], Me Salifou BÉAVOGUI, Me Abdoul Gadiri DIALLO, entre autres), sans oublier la presse dans son ensemble ».
Malgré les épreuves, Makia TOURÉ incarne l’espoir et la persévérance. Son témoignage est celui d’une femme, d’une mère, qui aspire à une justice complète et à un avenir meilleur pour les siens.
Saa Joseph KADOUNO