La retraite du Conseil National de la Transition (CNT) autour de l’avant-projet de la nouvelle constitution a débuté ce mardi, 20 août 2024 à Kindia, ville situé à une centaine de kilomètres de Conakry, la capitale. Cet événement qui s’achève ce mercredi 21 août, réunit une mosaïque d’acteurs politiques guinéens. Toutefois, l’absence de certaines formations majeures comme le RPG, ancien parti au pouvoir, et l’UFDG, marque les discussions. Malgré cela, d’autres partis issus de leurs coalitions ont choisi d’y participer, reflétant ainsi la complexité des alliances politiques dans le pays.
Le président du CNT et maître d’œuvre des travaux, Dr Dansa KOUROUMA, a tenu à souligner la volonté d’inclusivité qui anime cette démarche. « On leur donne l’opportunité de participer à la construction, à la co-construction d’un avant-projet de constitution. Sinon, la charte [de la transition] dit que c’est les membres du CNT qui écriront la nouvelle constitution », a-t-il rappelé.
Pour lui, l’objectif n’est pas seulement de produire un texte, mais d’assurer une adhésion collective depuis tout au long du processus : « Nous ne l’avons pas fait parce que nous n’avons pas confiance à notre travail – un texte constitutionnel qui doit régir le pays pendant plusieurs décennies, doit avoir l’adhésion [de tous] ».
Dansa KOUROUMA a présenté la mobilisation de « près de 150 partis politiques » comme un succès pour la démocratie guinéenne. « C’est déjà une victoire pour la démocratie guinéenne qu’on parvienne à mettre autour d’une table les acteurs politiques du pays », a-t-il déclaré.
Conscient des divergences, il a néanmoins insisté sur l’importance du respect mutuel et de l’inclusivité dans les débats : « L’unanimité n’existe pas. Mais, faisons de telle sorte que la possibilité soit donnée à tout le monde d’exprimer ses desiderata sans contrainte ».
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La méthode participative mise en avant lors de cette retraite a également impressionné les observateurs internationaux présents. Bruno FUCHS, délégué général de l’Association Parlementaire de la Francophonie (APF), n’a pas caché son admiration : « Moi j’ai 65 ans en France, on n’a jamais participé à un événement de construction de la constitution comme ça – je suis très impressionné par et l’objet… mais également la méthode ». Selon lui, cette démarche « conforme à ce qu’une vie démocratique doit être » place chaque citoyen au cœur du processus.
Au niveau des acteurs locaux, Paul DORÉ, représentant du Bloc Libéral (BL), a exprimé une satisfaction prudente : « Je fais déjà une bonne lecture. Je crois qu’on nous a embarqué dans une dynamique du dialogue depuis le début de ces travaux – je pense qu’on est toujours dans cette dynamique et j’apprécie les choses jusqu’à ce niveau ».
Malgré la durée limitée de ces échanges – seulement deux jours – Dansa KOUROUMA reste convaincu que cette retraite constitue une étape essentielle vers l’élaboration d’une constitution durable : « Deux jours de débats ne suffiront pas. Mais, on aura eu quand-même l’opportunité d’essayer d’associer les acteurs dans l’écriture d’une constitution qui va résister au temps et aux Hommes ».
Concluant ses propos, il a lancé un appel à la « sérénité » et au dialogue, valeurs désormais consacrées par la constitution guinéenne : « Le dialogue fait partie désormais des dispositions de notre constitution depuis le préambule jusqu’au premier article ».
La retraite de Kindia se présente ainsi comme une tentative d’inclusivité dans un contexte où les divisions politiques demeurent vives, mais où l’enjeu national semble transcender les divergences partisanes. Faut-il le rappeler, certains acteurs politiques ne reconnaissent pas l’avant-projet de nouvelle constitution.
La rédaction