En pleine saison des pluies, les conducteurs de moto-taxis, notamment ceux de la Cimenterie où notre reporter s’est rendu ce mercredi, 21 août 2024, peinent à trouver des clients. Entre longues attentes et conditions précaires, tracasseries policières, cette période met à rude épreuve leur quotidien. Témoignages de certains jeunes qui luttent pour joindre les deux bouts.
À Conakry, les conducteurs de moto-taxis peuvent confirmer l’adage selon lequel la saison des pluies est particulièrement difficile. En effet, durant cette période, surtout en août, ils sont souvent confrontés à une rareté de clients. Actuellement, les conducteurs de moto-taxis du tronçon Cimenterie-Lansanaya Barrage, dans la haute banlieue de Conakry, rencontrent de grandes difficultés. Il n’est pas rare qu’ils passent des heures sans qu’un client ne leur demande de le transporter.
Mohamed CAMARA, un jeune d’une vingtaine d’années qui a terminé ses études il y a quatre ans, est devenu conducteur de moto-taxi sur cette voie, faute d’emploi. Selon lui, la clientèle est particulièrement réduite durant cette période.
« Le mois d’août est franchement difficile ; il n’y a pas de clients. Parfois, nous pouvons attendre de 30 minutes à 1 heure pour avoir un seul client à transporter. Les gens empruntent rarement les motos, ils préfèrent les taxis, où ils se sentent plus à l’aise et protégés de la pluie », a-t-il déclaré.
Alhassane CAMARA, syndicaliste des conducteurs de moto-taxis de la ligne Cimenterie-Lansanaya Barrage, partage le même avis. « Nous, conducteurs de moto-taxis, souffrons énormément pendant la saison des pluies. La clientèle est très rare ; parfois, il faut attendre longtemps pour obtenir un seul client », a-t-il réitéré.
Il ajoute : « Pour ne pas rentrer bredouille, nous sortons très tôt le matin, parfois dès 4 heures. À 7 heures, nous espérons avoir gagné un peu d’argent pour les dépenses familiales. À ce moment, il n’y a pas beaucoup de motos en circulation. Pendant les week-ends, la situation s’améliore un peu, car il y a une forte mobilité et les gens vaquent à leurs occupations. »
La Police, une autre difficulté
À la rareté des clients, les tracasseries policières se greffent aux difficultés des conducteurs de moto-taxis. Mohamed CAMARA dénonce cette attitude des agents de la police routière qui leur inflige des amendes infligées excessives pour des infractions minueures.
« Nous nous sacrifions pour sortir sous la pluie, et le peu d’argent que nous gagnons est souvent retiré par les policiers lorsqu’ils nous arrêtent. Pour nous libérer, ils demandent parfois jusqu’à cent mille ou soixante-dix mille francs guinéens, si tu as deux passagers ou bien tu n’as le casque ou bien si tu te mets à embarquer là-où les taxis voiture stationnent, pourtant c’est là-bas que les pasaagers s’arrêtent. Avec une clientèle aussi rare, comment pourrions-nous subvenir aux besoins de nos familles ? La majorité des jeunes motards ici sont mariés », dit-il.
En outre, il souligne l’insécurité croissante et les défis liés au versement des recettes. « De plus, les bandits nous volent nos motos, et ces vols peuvent parfois entraîner des décès. Nous ne possédons pas les motos, nous devons donc régulièrement verser la recette au propriétaire pour continuer à travailler. Les recettes journalières sont fixées à quarante mille francs guinéens. La vie est donc très difficile », a-t-il souligné.
Il n’y a aucune données précise mais la conduite de moto-taxis emploie une grande majorité de la jeunesse guinéenne, en grande partie, des jeunes diplômés.
Aly Pires CAMARA