L’ancien Président de la Fédération Guinéenne de Football, Salifou Camara Super V a tiré sa révérence, lundi 15 Juillet 2024 à Paris. Comme il aurait voulu, dans la protection, loin des regards et commentaires indiscrets de Conakry.
Ce décès qui intervient 10 ans jour pour jour après la finale de la Coupe du Monde 2014 au Brésil qu’il a permis au Président Antonio Souaré et moi-même de suivre depuis la Tribune présidentielle de MARACANA STADIUM ainsi que Prési Laye Oumar Koulibaly et Mme Fatou Kouyaté de l’ambassade de Guinée à Londres, nous inspire l’humilité. Homme de caractère, brillant et structuré, j‘ai connu Salifou Camara dans les années 80, mais sa collaboration et son amoureux respect pour le Président Antonio Souaré ont forgé entre nous des liens très forts et des souvenirs impérissables.
Lors d’un de nos multiples appels journaliers, pour parler du tout et de rien, je cherche à m’enquérir des nouvelles, entre autres, du Président Salifou Camara Super V auprès de mon cher ami, Ibrahima Blasco Barry, le mercredi 10 juillet 2024 aux environs de 16 heures.
La réponse du nouvel Elhadj est terrifiante : » À toi, je peux dire mais c’est très confidentiel, notre ami n’est pas au mieux de sa forme, il est à l’hôpital à Paris dans le coma … Personne n’est au courant tu sais qu’il est discret.. J’ai parlé avec lui la veille, il était avec un groupe probablement pour le restaurant. Avant de me raccrocher par » SG si ça se coupe à demain », je l’ai entendu dire après avoir fait descendre ses compagnons » je vais garer… »
Même si j’ai voulu croire le contraire, je finis par admettre l’argumentation de Blasco sur le fait que la nature très secrète de Salifou Camara Super V n’allait laisser transparaître la moindre faille sur la confidentialité qui entoure sa maladie et son hospitalisation d’autant que la dure épreuve a lieu à plus de 6 000 kilomètres de Conakry dans son somptueux appartement de la Défense et à l’hôpital Bichât de Paris.
Avant de me cloitrer dans le silence absolu recommandé par Blasco, je pris cependant le soin de chercher confirmation auprès de son protocole, Koulibaly, l’homme à tout faire, qui ajouta que ses portables ont été éloignés de son patron désormais inaudible.
C’était le début du compte à rebours qui s’est douloureusement achevé ce lundi 15 juillet par un appel interrogatif de mon ami Mamadou Dian Diallo : » Il paraît que Salifou est décédé ? »
Oui, le très solitaire Salifou Camara Super V, qui a offert à sa vie le confort maximale moral, financier et matériel de ses moyens et ressources financières, matérielles dans la discrétion à la limite de la cachette, a effectivement rendu son dernier souffle sans bruits.
Qui était Salifou Camara Super V ?
C’est à Fria qu’il fréquentait dans les années 78, 79, 80 quand cette ville était une véritable Cité industrielle (une exception dans la Guinée centralisée sous le Parti-Etat) que je vois pour la première fois Salifou Camara Super V avec ses cousins Paul Camille et Jean Bangoura, deux amis d’enfance.
À la piscine précisément où avec les amis Mamadou Saliou Diallo, Amara Camara Boca, Harouna Camara Icrami, Abdoulaye Diallo Don Pass, Patrick Gnimassou, Alpha Oumar Baldé Vanco, Mamadou Camara Mazo ont consacrait quelques soirs de la semaine et la journée du samedi à la natation et au baby-foot. Pochette en main, c’était toujours plaisant pour le jeune toujours soigné à l’allure opulente d’exprimer à nous qu’il appelait déjà individuellement » mon ami » sa générosité en assurant la note des jeux qui nous éloignaient des très rares vices de l’époque.
Brillant élève, Salifou Camara a arrêté les études en 13ème année pour se lancer dans les affaires de pierres précieuses et d’intermédiation dans l’achat et la vente du bâti et non bâti.
Avec l’appui de son frère Ansoumane Fofana, aucun« Mister » n’exportait un gramme à l’époque à partir de l’aéroport Gbessia sans passer par lui. Ces activités font de lui un jeune prospère. Dans le contexte de la première République, c’était une rareté sinon une exception.
À Conakry où les études universitaires nous ramènerons, je croise souvent Salifou Camara Super V dans la circulation et au stade du 28 septembre où on sentait chez lui une réelle passion pour le Football.
À l’avènement du 3 avril 1984, il est l’un des touts premiers Guinéens à bénéficier de l’option libérale des tombeurs de l’Etat commerçant prôné par le régime du PDG. En plus des marchés de fournitures et de prestations au compte de l’administration, il se voit octroyer l’unique supermarché de l’époque du nom de SOCOMER rebaptisé Super V et quelques stations publiques de carburant.
Cette posture construit un homme d’affaires financièrement armé et prospère que l’establishment sportif de l’époque propulse à la vice-présidence de la Fédération Guinéenne de Football non sans tambouille en 1994 et puis Président intérimaire en 2000 après la nomination de Dr Baba Sacko comme ambassadeur à Alger.
La dissolution de ce Comité Exécutif en 2001 suite à un mauvais résultat sportif du Syli National au stade du 28 septembre par le ministre des Sports de l’époque, déclenche chez Salifou Camara Super V une féroce et acharnée guerre contre Kader Sangaré avec l’appui notamment de l’observateur de son ami Tibou Kamara.
Si, j’ai pas voulu associer « La Nouvelle Tribune » à la campagne de destruction de Kader Sangaré, il n’en demeure pas moins vrai que le ministre et le gouvernement n’avaient aucunement le droit de dissoudre la Fédération Guinéenne de Football entraînant la suspension de la Guinée avec la disqualification de l’équipe cadette de la finale de la CAN 2001 de sa catégories aux Seychelles, le 03 mars 2001 et des phases finales de la coupe du monde des moins de 17 ans disputées à Trinité-et-Tobago du 13 au 30 septembre 2001.
Malgré cette interruption brutale, Salifou Camara Super V a pu mettre à profit le court mandat à la présidence pour trouver un site à Teminètaye et négocier auprès de la FIFA, le financement de l’actuel siège de la Fédération Guinéenne de Football.
Cependant l’Etat qui lui impute la responsabilité des sanctions infligées par la FIFA et la CAF suivant les règlements, décide de fouiner dans les marchés accordés aux sociétés de l’homme d’affaires pour punir SalifouCamara Super V.
Le Comité National de Lutte contre la Corruption (CNLCS) cible le contrat de fournitures des timbres fiscaux déjà exécuté par DISTRIGUI et parle d’anomalies dans la passation du marché pour incriminer l’ancien ministre des finances, Ibrahima Kassory Fofana et réclamer des centaines de millions GNF à Salifou Camara Super V mis aux arrêts et conduit manu militari à la maison centrale de Coronthie.
Là, il fait la connaissance du leader et candidat du RPG à la présidentielle de décembre 1998, Alpha Condé stoppé dans sa cavale vers la Côte d’Ivoire à Gama Berema (Lola) et déferré à la Maison centrale. En détention, le futur Président Guinéen et l’ancien futur Président de la Fédération Guinéenne de Football nouent une solide relation amicale et fraternelle d’ordre familial.
Entre les 4 murs, Salifou Camara ne se résigne pas à la fatalité, il se bat de toutes ses forces contre les accusations qu’il qualifie d’imaginaires et fantaisistes.
La longue procédure judiciaire que j’ai soutenue pour contrer la cabale politique dirigée surtout contre l’ancien ministre Kassory Fofana par des proches du Président Lansana Conté a permis à Salifou Camara, déterminé et combatif, de déjouer le montage grossier, de sauver son honneur et celui de son frère contraint à l’exil aux États-Unis.
Cependant, Salifou Camara Super V garde le profil très bas car il se sait fragile et toujours vulnérable, malgré cette éclatante victoire judiciaire. Pas pour longtemps.
La spectaculaire propulsion de Mamadou Sylla du Groupe Futurelec, auquel le Président Lansana Conté offre l’essentiel des opérations commerciales de l’Etat, à la présidence du CNP-GUINEE et à celle du Conseil national du secteur privé permet à Salifou Camara Super V de refaire surface. Vice-président du CNP-GUINEE, il devient l’alter ego et l’éminence grise de Mamadou Sylla, le nouveau Monarque des marchés publics et des opérateurs économiques obligés de faire allégeance à la nouvelle et dernière coqueluche du Président Lansana Conté, pour continuer à exister.
Dans l’ombre de l’incroyable puissance de Mamadou Sylla sur lequel il exerçait une discrète mais efficace influence, Salifou Camara Super V a une vue sur les marchés de l’Etat globalement accordés à Futurelec et témoin de la constitution des gouvernements du Président Lansana Conté entre 2002 et 2008. À ce titre, beaucoup de cadres, dans cette période, lui doivent leur nomination. Avec Fernand Bangoura, Fodé Moussa Sylla, ils crée L’UDIBAG (l’Union pour le Développement Intégré de la Basse Guinée), un mouvement economico-politique permettant d’avoir la mainmise sur tous les opérateurs économiques et commerçants avec les antennes installées dans les 4 régions naturelles du pays.
En avril 2005, il était présent chez Fodé Bangoura à Dixinn quand un groupe de dignitaires du régime concoctait nuitamment le plan d’annulation du décret de nomination du gouvernement formé, le 05 avril par le Premier ministre et de limogeage de Cellou Dalein Diallo chez lequel on fêtait la victoire non loin du lieu de « complot ».
En 2007, alors qu’ils revenaient de chez le Président Lansana Conté où la nomination de Dr Ibrahima KassoryFofana à la Primature venait d’être acté en cette période de turbulences sociopolitiques majeures, c’est par Salifou Camara Super V que le Président du RPG, Alpha Condé passe pour demander à Mamadou Sylla de rebrousser chemin et aller défendre la candidature de Lansana Kouyaté parmi les 4 personnalités proposées par la société civile et les syndicalistes. Sans doute que le Président Lansana Conté, qui avait déjà eu plusieurs contacts avec l’ancien secrétaire exécutif de la CEDEAO n’allait pas faire autre choix, mais l’intervention de Mamadou Sylla a conforté et accéléré la nomination de Kouyaté à la Primature non sans conséquences pour le Premier ministre de consensus.
Comme pour Cellou Dalein Diallo, il a également été témoin des actions de Mamadou Sylla pour le limogeage de Lansana Kouyaté en mai 2008 et de la formation du Gouvernement de large ouverture de Tidiane Souaré.
Avant la présidentielle de 2010, c’est Salifou Camara Super V qui trouve la porte d’entrée pour le candidat du RPG chez le Général Sekouba Konaté en présentant et recommandant Alpha Condé à son frère, Ansoumane Fofana « Digbé « , oncle du Président de la Transition.
Après l’élection du candidat du RPG ARC-EN-CIEL en 2010, il milite pour la nomination de Kassory Fofana à la Primature. Dans cette initiative personnelle, il me convie à un voyage à Dakar à la rencontre de quelques proches du nouveau Président Guinéen dont Rachid Ndiaye à qui il m’avait proposé pour être le représentant en Afrique de l’Ouest du Magazine mensuel MATALANA que le futur ministre de la Communication venait de lancer en 2005.
Il n’a jamais abandonné ce combat personnel jusqu’à sa concrétisation avec la nomination en mai 2018 de Kassory Fofana dans les fonctions de Premier ministre, Chef du Gouvernement.
Alors que le souci majeur de Salifou Camara Super V est la promotion de Dr Ibrahima Kassory Fofana, le nouveau Président Alpha Condé, lui, veut réparer une « injustice » et réhabiliter son frère à la présidence de la Fédération Guinéenne de Football qu’il avait quittée sous la pression politique en 2001. Cette volonté politique du Président Alpha Condé coïncidant avec la fin du mandat de Aboubacar Bruno Bangoura ainsi que la sollicitation de nombreux acteurs sous la houlette de Ibrahima Blasco Barry sont quelques facteurs qui facilitent, le 18 août 2011, l’élection de Salifou Camara Super V, avec 78 voix sur 118, et son retour à la présidence de la Fédération Guinéenne de Football 10 ans après son départ forcé.
Salifou Camara Super V – Mamadou Antonio Souaré
De la révérence à la démolition
Si les circonstances et le hasard m’ont souvent amené à croiser le chemin de Salifou Camara Super V et de vivre ces faits et tant d’autres de près depuis de longues années, j’avoue que ma grande proximité avec celui qui m’appelait pourtant « mon ami » depuis les années 80 n’a été réelle et concrète que par le truchement du Président Antonio Souaré.
Solitaire, il sait circonscrire les relations dans les limites de ses besoins.
Cependant en janvier 2012, quelques mois après son élection, il m’invite aux phases finales de la CAN conjointement organisée au Gabon et en Guinée Équatoriale où son secrétaire général, Ibrahima Blasco Barry assure mon séjour à Franceville, poule du Syli National.
Le PDG de Guinée Games, Antonio Souaré, souvent présent aux grands événements sportifs internationaux, est au rendez-vous pour soutenir le Syli National et le nouveau Comité exécutif de la Fédération Guinéenne de Football dans lequel siège son ami de longue date, Laye Oumar Koulibaly, ancien Président du Horoya AC. À l’occasion, il offre un complet de bazin à chacun des membres du nouveau Comité Exécutif. Le Président de GPT présent prive Salifou Camara Super V de sa part. C’est le début d’une aventure.
En effet, de retour à Conakry, le Président Antonio Souaré honore, sur proposition de son ami, Laye Oumar Koulibaly formulée à Libreville en marge des phases finales de la CAN, son engagement de prendre la présidence du Horoya AC et remplace Me Alfred Mathos à l’issue d’une assemblée générale extraordinaire ténue le 20 mars 2018 dans la salle du 28 septembre du Palais du peuple.
Mais, les rapports des premiers mois ne sont pas au beau fixe avec le Président Salifou Camara Super V que le nouveau Président du Horoya et son entourage trouvent trop éloigné des acteurs dans sa méthode de gestion de la Fédération Guinéenne de Football.
À vrai dire, quand il a été question d’élections en 2011, Amadou Diouldé Diallo et moi avons proposé à Antonio Souaré de se porter candidat à la présidence. Le PDG de Guinée-Games n’a pas accédé à notre demande.
Face au mystère qui entourait sa gestion et l’aversion que provoquait son éloignement, il a été envisagé de soutenir le vice-président, Djibril Diarra Becken pour remplacer Salifou Camara Super V lors de l’assemblée générale de mi-mandat du mois d’août 2013.
L’opération a été un cuisant échec, notre candidat a renoncé face à la mainmise du duo Salifou Camara Super V – Ibrahima Blasco Barry sur les membres statutaires qui ont à l’unanimité adopté tous les rapports soumis et renouvelé leur confiance au comité exécutif.
Mais, ébranlé par ce qu’il considère comme un « complot déjoué « , Salifou Camara Super V soupçonne le Président du Horoya AC, Antonio Souaré d’être derrière la tentative de son vice-président, Djibril Diarra Becken.
À mon initiative, le vice-président Guinéen de la CAF, Almamy Kabele Camara réunit Antonio Souaré et SalifouCamara Super V dans un superbe hôtel de Casablanca, le 17 novembre 2013, en marge du match de barrage qualificatif pour les phases finales de la Coupe du Monde 2014 Brésil Côte d’Ivoire – Sénégal dont il était le commissaire. Les 2 dirigeants scellent un pacte à l’issue de cette réunion de Casablanca. C’est le début d’une certaine complicité sinon de cogestion du Football Guinéen.
Par rapport à son frère Antonio Souaré qu’il appelle désormais » mon frère », Salifou Camara Super V adopte un comportement de révérence amoureuse à la limite de la vénération qui m’oblige dorénavant à l’égard du Président de la Fédération Guinéenne de Football.
À la finale de la Coupe du Monde à Rio de Janeiro, il trouve pour le Président Antonio et moi-même 2 tickets LOGE PRÉSIDENTIELLE qui nous a permis de suivre le match Allemagne – Argentine à la même tribune au MARACANA Stadium que les chefs d’Etat et de gouvernement de l’époque. Il en était ainsi à tous les événements de la CAF et de la FIFA organisés par les commissions dont il était membre : CHAN, Coupe du Monde interclubs. À la veille de cette finale, il présente avec déférence le Président Antonio Souaré au Président de la FIFA de l’époque, Joseph Sepp Blatter.
Seulement pour le Horoya AC, il se déplace systématiquement sur tous les stades Africains pour supporter aux côtés de son frère, Antonio Souaré, le champion de Guinée dans ses campagnes Africaines. Je le revois avec l’ambassadeur Djigui Camara arrivant à Ndola (Zambie) après des vols compliqués et éprouvants pour un match du Horoya AC.
Le Président Antonio Souare savait rendre la monnaie par sa présence aux matchs des différentes catégories du Syli National en éliminatoires et aux phases finales disputées systématiquement à l’étranger pour cause de la pandémie à virus Ebola.
Pour la candidature de la Guinée à l’organisation des phases de la CAN 2019 et 2021, le Président Antonio Souaré est le seul dirigeant de club que Salifou Camara Super V associe à la campagne jusqu’à la décision finale en septembre à Addis-Abéba où la CAF octroie l’édition 2023 à la Guinée alors que le dossier n’était même pas ouvert à cause notamment du vice-président, Almamy Kabele Camara mais aussi de tout ce beau monde qui formait une équipe efficace, admirable, respectée par les autres Associations membres de la CAF.
Après la qualification du Syli National au stade Mohammed V de Casablanca pour les phases finales de la CAN 2015 initialement prévues au Maroc mais finalement disputées en Guinée Équatoriale, Salifou Camara Super V et le Président Antonio Souaré conduisent la délégation sportive Guinéenne à Marrakech où séjournait le Président Alpha Condé, réveillé tard la nuit pour féliciter les joueurs.
À Malabo où se trouve la poule de la Guinée, le Président Antonio Souaré œuvre afin que le groupe reste uni dans le même réceptif hôtelier derrière Salifou Camara Super V et lui.
La colère du Président Antonio Souaré contre le sélectionneur Michel Dussuyer après la débâcle du Syli National en quart contre les Blacks Stars du Ghana a obligé le Président de la Fédération Guinéenne de Football, Salifou Camara Super V a accepté la démission du technicien Français.
Sur le plan local, ses désirs et revendications sont généralement satisfaits. Comme la modification par Ibrahima Blasco Barry du règlement du championnat national pour faire passer le nombre de joueurs étrangers admis de 5 à 15 sous ma dictée conformément aux instructions du Président Antonio Souaré . Comme également l’attribution des 3 points au Horoya AC contre le CIK match non joué pour refus de Mathurin Bangoura de laisser rentrer le bus de l’équipe visiteuse dans le stade de Sangaredi.
Face aux premières mesures annoncées par Thierno Abdoulaye Bah, par ailleurs proche du Président du CIK, notamment la suspension du commissaire de match, Lahassane Youla, qui provoquent des suspicions à couper l’appétit chez le Président Antonio Souaré, j’appelle Salifou Camara Super V qui rassure : » Horoya AC aura les 3 points « .
Le 05 mars 2015, Salifou Camara m’appelle et me demande la date retour à Conakry du Président Antonio Souaré avec lequel je suis assis au Café de la Piscine à la Place Hebert dans le 18ème arrondissement de Paris en m’informant que son vol à lui est programmé pour le 08 mars et que dans le même appareil Air France embarquent un célèbre passager en la personne du Président de la République, Alpha Condé et son frère, Ibrahima Kassory Fofana. Il ne nous restait plus qu’à modifier nos billets pour réserver les 2 places restantes.
Quelques minutes après le décollage, Salifou Camara Super V, de retour des toilettes, prends par la main le Président Antonio Souaré assis à mes côtés, pour le devant de l’appareil où sont installés le Président Alpha Condé et son ministre, Kassory Fofana. Ma curiosité me fait déplacer vers eux.
Les propos tenus et les superlatifs employés par Salifou Camara Super V et le ministre Kassory Fofana pour présenter le Président Antonio Souaré sont très élogieux. Ils impressionnent fortement le Président Alpha Condé et l’amènent à adopter Antonio Souaré comme son frère au même titre que les 2 .
Les numéros de portables sont échangés sur place.
Kassory Fofana est allé jusqu’à dire : « Ntara (mon frère) Si vous avez besoin de lui, n’utilisez aucun intermédiaire même moi ne passez pas par moi « .
Sans doute que le Président Alpha Condé avait déjà vu et même reçu le Président Antonio Souaré notamment lors des législatives 2013 pour demander son soutien au candidat du RPG ARC-EN-CIEL à Kaloum, Djibril Levia Bangoura confronté et battu par Baidy Aribot soutenu par l’opposition. Comme cette défaite, toutes les précédentes rencontres avant celle de l’avion étaient restées sans suite ni effets.
Depuis, les appels présidentiels ponctuent les journées du nouveau jeune frère devenu fréquent à SEKHOUTOUREYAH et souvent invité à la table présidentielle.
Quelques jours après le retour à Conakry, le Président Alpha Condé visite le chantier de Yorokoguia.
Il confie à Antonio Souaré plusieurs missions exécutées avec Fodeba Isto Keira notamment un spectacle pour marquer la fin du virus à Ebola et des meetings politiques de pré campagne à l’élection présidentielle du mois d’octobre 2015.
Le Président Alpha Condé demande à Antonio Souaré de soutenir également la campagne de réélection de Salifou Camara Super V à la présidence de la Fédération Guinéenne de Football en août 2015.
Il s’acquitte de la mission. Réélu, Salifou Camara Super V crée la Ligue Guinéenne de Football Professionnel sur demande pressante du Président Antonio Souaré et met en place un processus permettant à son frère d’en être le premier Président.
Comme on pourrait le constater avec ces quelques faits, Salifou Camara Super V nourrissait pour le Président Antonio Souaré un vrai amour, une considération et une confiance absolues. Dans cette posture, il convainc Mamadou Sylla qui l’accepta de céder la Présidence du CNP-GUINEE au Président Antonio Souaré. Une réunion ténue au domicile du PDG du Groupe Futurelec à Dixinn Bora entérine le principe. Malheureusement, le pressenti n’a pas donné suite et n’est plus revenu trop occupé par la passion du Football.
N’empêche que sur ce registre, Salifou Camara laisse au Président Antonio Souaré les mains libres par rapport aux équipes nationales.
Au Rwanda en 2016, le Président Antonio Souaré coordonne dans les faits la participation au CHAN du Syli National B ou local qui atteint la demi-finale de la compétition.
Parallèlement à cette belle entente, la crise germe au sein du comité exécutif : le vice-président, Amadou Diaby se sent marginalisé et revendique sa légitimité, certains membres du Comité Exécutif supportent de moins en moins la prépondérance supposée ou réelle du Président de la Fédération Guinéenne de Football. Amadou Diaby pousse la plainte jusque chez le Président Alpha Condé. Ce dernier tente en vain de concilier les positions en réunissant outre les protagonistes Amadou Diaby et Salifou Camara Super V accompagné de la vice-présidente Mme Traore Zalikatou Diallo, le ministre des Sports, Siaka Barry, le ministre Ibrahima Kassory Fofana et le Président Antonio Souaré. Salifou Camara Super V reste campé sur sa position et ne veut pas admettre Amadou Diaby.
Le Président Alpha Condé ne digère pas son échec, il instruit Antonio Souaré et Kassory Fofana, après la réunion, de ne plus supporter Salifou Camara Super V. Quelques jours après, le 23 mars précisément, éclate une fronde animée par 11 membres du comité exécutif contre le Président de la Fédération Guinéenne de Football. Parfois hermétique aux conseils, il refuse les initiatives de médiation, ma proposition de calmer le jeu, celle du Président Antonio Souaré d’informer le Président Alpha Condé qu’il accompagnait dans sa visite officielle en Turquie au moment de la révolte, et sa réaction au mémo des frondeurs alimente davantage la crise. Salifou Camara Super V croit beaucoup en ses capacités et forces. Une qualité et un défaut.
Les frondeurs durcissent leur position et réussissent à fédérer à leur cause la quasi-totalité des membres statutaires motivés à coups d’espèces sonnantes et trébuchantes.
Le Président Antonio Souaré, se souvenant de la consigne du Président Alpha Condé et convaincu que ce dernier a totalement tourné le dos à Salifou Camara Super V, accepte l’offre de la présidence de la Fédération Guinéenne de Football formulée par les frondeurs lors d’une réunion secrète et sacralisée tenue chez Amadou Diaby à Cameroun.
Face à l’impasse, la CAF et la FIFA installent un comité de normalisation présidé par le commissaire Mohamed Lamine Nabe.
À partir de là, Salifou Camara Super V soupçonne le Président Antonio Souaré d’avoir soutenu l’insurrection. C’est le début de la rupture entre les 2 hommes. Mais, en novembre 2016, en marge de la visite du Président Alpha Condé en Chine qui s’était, entre temps, réconcilié avec Salifou Camara Super V, Kassory Fofana et Mme Eva tentent de rapprocher les 2 frères sans pour autant évoquer la cause principale du différend : la guerre pour le leadership de la Fédération Guinéenne de Football. Alpha Condé que nous rejoignons dans sa suite plus tard se réjouis de la réconciliation et évoque la question de la Fédération Guinéenne de Football. Mais, nul ne répond. À vrai dire, la réconciliation n’a été que de façade. Après la Chine, les 2 hommes sont restés distants. Le Président Antonio Souaré semblait aller trop loin pour reculer.
Le 27 février 2017, à la veille de l’assemblée générale élective du 28 mars 2017, au retour de Yorokoguia où tous les membres statutaires s’étaient regroupés, j’envoie un SMS au ministre Kassory Fofana afin qu’il conseille Salifou Camara Super V de renoncer à la présidence de la Fédération Guinéenne de Football, les jeux étant déjà faits. Le ministre Kassory Fofana me charge en retour d’effectuer la même démarche auprès de Salifou Camara Super V. À l’issue d’une longue conversation téléphonique que nous avons eue de Dubreka à Conakry, Salifou Camara Super V marque son refus catégorique à cette éventualité. » C’est à Antonio, dit-il, que ces conseils devraient s’adresser. Mais, mon ami s’il se présente simplement, je le combattrai toute ma vie, même si je vends ma maison… »
Le thermomètre montait déjà chez lui n’admettant pas que celui à qui il voue un respect religieux, toujours préféré aux autres Présidents de clubs que sont Aboubacar Dinah Sampil, Mathurin Bangoura ou Kerfalla Camara KPC se range derrière ceux qui le combattent. Le lendemain à l’hôtel Sheraton avant le début des travaux, je rends fidèlement compte au Président Antonio Souaré de ces différents échanges. Ce dernier est élu à l’unanimité presque et nous quittons Conakry la même soirée pour le royaume Chérifien.
Le lendemain, 1er mars 2017, Salifou Camara Super V, qui a toujours évité la presse, était dans l’émission phare de la radio Espace pour ouvrir les hostilités. Il oublie les frondeurs et décoche ses flèches uniquement sur le Président Antonio Souaré jusqu’à la FIFA qu’il abonde de tracts durant des années accusant son successeur et désormais frère ennemi de violation du Code d’éthique.
Pour sa part, une plainte du Président Antonio Souaré consécutive à un audit faisant état de la sortie de 800 000 euros pour financer la campagne de la candidature Guinéenne à l’organisation de la CAN 2019 et 2021 conduit Ibrahima Blasco Barry, Aboubacar Morton Soumah et Aly Camara à la maison centrale, envoie et maintient Salifou Camara Super V en exil durant plusieurs mois.
N’empêche, animé d’un esprit de vengeance à tout prix, il continue sans répit son combat depuis Paris. La commission d’éthique de la FIFA ouvre une enquête dès 2017.
En réaction à ces diatribes sans arrêt contre le Président Antonio Souaré abandonné à son sort par les frondeurs membres de son comité exécutif qui l’ont entraîné dans un bourbier loin d’être le sien, des journalistes comme Ibrahima Sory Diallo D Beck, Amadou Diouldé Diallo, NFamara Bangoura, Ansoumane Bangoura, Gaoussou Diaby, Tanou Diallo, Mamadi Dioubaté Sekouba, Ibrahima Diallo, Alpha Abdoulaye Diallo, Marif Youla, Aboubacar Diallo et tant d’autres se mobilisent, à un moment ou autre, pour apporter la réplique avec virulence sur tous les fronts ouverts par Salifou Camara Super V notamment ses mails de dénonciation anonymes systématiquement envoyés aux membres du Gouvernement Guinéen, à la CAF et à la FIFA pour demander des sanctions.
Un numéro spécial du journal « Le Populaire » produit à cet effet dépeint Salifou Camara Super V sous tous les traits sombres et tente de détruire ses accusations de violation du Code d’éthique portées contre le Président Antonio Souaré.
Mais, rien n’arrête Salifou Camara Super V, il réussit sous la couverture de l’ASK dont il devient le secrétaire général nommé par le Président Bouba Dinah Sampil, à sortir de l’anonymat et à formaliser ses plaintes contre le Président Antonio Souaré au niveau de la commission d’éthique de la FIFA.
Cependant, la résistance médiatique et les témoignages de Blasco Barry ont mis en doute pendant plusieurs années les accusations de Salifou Camara Super V contre le Président Antonio Souaré devant la commission d’éthique de la FIFA et retardé la sanction de 2017 à 2021.
Kassory Fofana, c’est le lieu de le dire, n’a jamais soutenu Salifou Camara Super V sur la question de la Fédération Guinéenne de Football contre le Président Antonio Souaré. C’est de lui que j’ai appris, pendant le bras de fer, pour la première fois l’option des frondeurs : » Le scénario envisagé est de mettre un processus intermédiaire à l’issue duquel Antonio sera élu Président. Moi je suis favorable à ça « . Le souhait du futur Premier ministre était que son frère Salifou, qu’il aime si bien, s’éloigne enfin de la Fédération Guinéenne de Football qui ne semble pas lui porter le bonheur et la Paix avec les problèmes qui se crée à chaque fois qu’il est Président.
Mais, quelques mois après l’élection du Président Antonio Souaré, le Président Alpha Condé et lui ont exigé que le mandat d’arrêt soit levé afin que Salifou Camara Super V rentre et s’explique devant la justice Guinéenne.
C’est ce qui a été fait. Le tribunal de première instance de Kaloum et la Cour d’appel prononcent l’un après l’autre un non lieu et l’acquittement pour Salifou Camara Super V, Ibrahima Blasco Barry, Morton Soumah tous visés par la plainte du Président de la Fédération Guinéenne de Football, Antonio Souaré sur les 800 000 euros. Sur l’échiquier sportif, seule l’ASK de Bouba Dinah Sampil apporte son soutien public aux anciens dirigeants poursuivis.
Les différents appels à l’arrêt des hostilités et les tentatives de médiations de l’ancien Préfet maritime Ansoumane Fofana » Digbé, frère de Salifou Camara, l’ambassadeur Djigui Camara, de Niamey Diabaté Bond, Elhadj Mamadou Sylla, Président Dominique Traoré, Moussa Sow « Chacha », Ibrahim Diallo Mborin et tant d’autres comme Charles Sossodouano n’ont malheureusement pas porté leurs fruits jusqu’à la chute, le 05 septembre 2021, du régime Alpha Condé.
Ce dernier reproche à Kassory Fofana d’avoir aveuglement soutenu le Président Antonio Souaré contre son « vrai frère « , mais le manque de clarté et de fermeté dès le début de la crise chez l’ancien Président de la République qui appelait pourtant les 2 ainsi que le même Kassory Fofana » N’khunya fanye (mes valeureux frères) « a laissé prospérer l’impitoyable fratricide guerre autour de la présidence de la Fédération Guinéenne de Football qui n’a malheureusement fait que des vaincus et perdants et le Football Guinéen, en a été la grande victime de la guerre de démolition entre ses dirigeants.
Homme de caractère et de parole, on retiendra toutefois à l’actif de Salifou Camara Super V, le siège de la Fédération Guinéenne de Football, le centre technique de Nongo, l’unité d’hébergement des équipes nationales ou l’hôtel du Syli National dans le même quartier ainsi qu’une remarquable représentativité de la Guinée sur la scène internationale du sport roi.
La mort effaçant tout, l’histoire et la brutale disparition physique de Salifou Camara devraient inspirer plus d’un.
Éternel repos à ton âme » Mon ami « que j’ai vu la dernière fois dans le Salon de l’aéroport Félix Houphouët-Boigny avant que le vol Air France du 23 janvier 2024 nous transporte à Roissy Charles de Gaulle à Paris où nous nous sommes dits au revoir à jamais le matin du 24 janvier.
VEUILLE ALLAH, NOTRE CRÉATEUR, t’accepter dans son éternel Paradis. Amen
Abdoulaye Condé