Ousmane Gaoual Diallo l’a évoqué lors de la conférence de presse qu’ils ont animée, ce jeudi 25 juillet 2024, à Conakry. La chaine de télévision française C8 de Vincent Bolloré a, effectivement, été sanctionnée par l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom), le régulateur français de l’audiovisuel.
Dans ces quelques lignes, nous allons tenter d’établir quelques liens de comparaisons entre les sanctions prises en France contre C8 et celles prises en Guinée contre trois (3) médias (HADAFO, Djoma, FIM) pour voir si ces deux situations sont identiques ou pas.
Sur le cas C8 en France
Pour raison de dérapages répétés, les chaines C8 et NRJ12 de Vincent Bolloré ne sont pas retenues pour la réattribution des fréquences télé. Après avoir auditionné en juillet les représentants de 24 projets, l’Arcom, le régulateur français de l’audiovisuel, a dévoilé le mercredi 24 juillet 2024, les candidats retenus pour l’attribution de 15 fréquences TNT, sans les chaines de télé C8 et NRJ12.
Malgré les engagements de la chaine, auprès de l’ARCOM, à diffuser son émission « Touche pas à mon Poste » avec un différé allant jusqu’à 45 minutes pour garantir la maitrise de l’antenne, C8 n’a pas échappé à la punition qui sonne comme un coup de tonnerre pour le paysage médiatique français.
L’Arcom dit avoir évalué notamment l’intérêt de chaque projet pour le public au regard de l’impératif prioritaire de pluralisme des courants d’expression socio-culturels. En écartant C8, le régulateur envoie un signal fort aux éditeurs de chaîne sur la nécessité de respecter leurs obligations.
Sans fréquence, C8 pourrait continuer à être diffusées via d’autres moyens, sur internet, les box ou les télés connectées par exemple. Mais, précise l’ARCOM dans son communiqué, la télévision numérique terrestre (TNT), mode de réception exclusif de près de 20 % des foyers, demeure un mode de diffusion de la télévision essentiel pour le public.
Pour la première fois depuis 2005 et le lancement de la TNT, le régulateur de l’audiovisuel s’est résolu à ne pas octroyer de nouvelle autorisation de diffusion à deux chaînes existantes. Les candidatures de C8 et NRJ12 n’ont pas été retenues, a annoncé l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom), mercredi 24 juillet. Elles disparaîtront de l’offre gratuite de la TNT le 28 février 2025, date à laquelle leur autorisation actuelle expirera.
Quelques similitudes avec le cas guinéen
Il est évident qu’il y’a bien une ressemblance avec la situation des médias sanctionnés en Guinée. Sur les raisons évoquées, on parle de dérapages dans les deux cas, de non respect de leurs obligations. En France, on parle de soutien affiché à l’extrême droite (partis politiques comme le Rassemblement National de Marine Lopen) par C8. En Guinée, le gouvernement parle également de soutien déguisé à une partie de la classe politique jugée radicale (UFDG, RPG arc-en-Ciel et UFR). L’autre point de ressemblance ou point commun entre tous ces médias, ce sont les sanctions qui portent sur des émissions phares animées sur leurs antennes. Ce sont tous des émissions de débat ou encore des émissions de talk show avec des chroniqueurs qui ont une certaine liberté de ton dans leurs différentes interventions. En France « Touche Pas à mon Poste » de Cyril Hanouna pour C8 et en Guinée « Les grandes Gueules » de Lamine Guirassy pour HADAFO Médias, « Mirador » de Aboubacar Diallo pour Fréquence Médias, « On Refait le Monde » de Aboubacar Condé pour Djoma médias.
C’est aussi pour la première fois, en Guinée, depuis la libéralisation des ondes en 2006 qu’une mesure si extrême soit prise contre des médias privés.
Quelques différences
L’une des différences réside dans le fait que la chaines française C8 peut encore émettre sur internet, même si l’audience n’est pas la même avec la TNT, alors qu’en Guinée, cela est carrément impossible avec le retrait des licences. C8 est aussi soumis au paiement d’une forte amande, ce qui n’est pas le cas en Guinée.
L’autre différence majeure entre ces deux cas réside dans la manière de procéder. Si en France, les médias concernés ont été entendus officiellement, sur les reproches, à eux fait par l’Etat, ça s’est passé différemment en Guinée. L’Etat a agit progressivement en brouillant d’abord les fréquences, en perturbant internet avant de passer à la vitesse supérieure, en retirant, coup sur coup, les agréments de ces 3 médias qui, réunis, ont les plus grandes audiences du pays. Et l’Etat en Guinée a eu du mal à assumer et à expliquer sa décision avant d’agir à visage découvert à travers les arrêtés du Ministère de l’Information et de la Communication ainsi que les récentes sorties médiatiques du Premier Ministre et du Porte-Parole du gouvernement.
Encore une fois, c’est le point de vue de la rédaction du site Guineepanorama.com, dans sa Tribune devenue un rituel.
La Tribune de la Rédaction