Vendredi 25 avril dernier, un incendie dévastateur a réduit en cendres la maison de Moussa CAMARA, enseignant-chercheur à l’Université Général Lansana CONTÉ de Sonfonia. L’incident s’est produit à Sanoyah Rails, dans la commune urbaine de Sanoyah, à 36 kilomètres de Conakry. Sans soutien de sa hiérarchie universitaire, il tire la sonnette d’alarme et appelle directement le Chef de l’État pour lui venir en aide.
Ce jour-là, Moussa CAMARA s’apprêtait à accomplir sa prière de vendredi quand sa vie a basculé. « Je suis venu prendre un petit bain, puis je suis parti à la prière. C’est là-bas qu’on m’a appelé avec insistance pour m’annoncer que ma maison avait pris feu », raconte-t-il avec émotion. Il était alors environ 14 heures. Sous le choc, il peine à se souvenir du trajet parcouru entre la mosquée et son domicile : « Je ne savais pas ce que je faisais. Mes pieds tremblaient, j’étais complètement perdu. »
Le plus grand soulagement pour l’enseignant reste d’avoir retrouvé sa famille saine et sauve. « J’ai demandé si mes enfants n’avaient rien eu, on m’a rassuré qu’ils étaient tous sortis indemnes. » Mais la douleur est immense : celle d’avoir vu s’envoler en fumée les sacrifices d’une vie entière. « Cette maison, c’est le fruit de 26 ans de travail. Dès mes premières économies, j’ai acheté le terrain et j’ai commencé à construire malgré des salaires très bas à l’époque. »
L’incendie a emporté tous ses effets personnels, y compris les plus précieux. « J’ai perdu tous mes diplômes, tous mes dossiers. Pour un enseignant, la documentation, c’est tout. Je commande mes livres depuis les États-Unis, car j’enseigne l’anglais. Le dernier m’a coûté 800 dollars, il y a à peine trois mois… »
À cette douleur s’ajoute un sentiment profond d’abandon. Malgré ses 30 ans de service, Moussa CAMARA déplore le silence de sa hiérarchie. « Aucune délégation de l’université n’est venue. Seuls deux ou trois collègues, dont le chef de programmes, sont passés. C’est vraiment décourageant. »
Depuis le drame, sa famille et lui vivent dans des conditions précaires. « Les voisins nous ont soutenus dès le premier jour. Ils nous ont donné des vêtements, des vivres, même une maison inachevée pour ne pas que nous dormions à la belle étoile. Ce sont leurs habits que nous portons aujourd’hui. »
Ébranlé physiquement et moralement, Moussa CAMARA confie ne plus avoir la force d’enseigner. « Je ne pense même pas à recommencer. C’est la deuxième fois que je vis un drame sans soutien. La première, c’était un AVC, et l’Université n’avait rien fait non plus. »
Face à cette épreuve, il lance un appel aux autorités. « Je demande au Chef de l’État de m’aider. Je me bats pour que la saison des pluies ne me trouve pas sans abri. Si je retrouve ma maison, je dirai merci au Président. »
Concernant l’origine du sinistre, les premières constatations évoquent un problème électrique. « Selon les voisins, c’était un survoltage. Leur ventilateur a tourné à une vitesse anormale avant de griller. Cinq minutes plus tard, le feu a démarré chez moi. »
Il tient à remercier les sapeurs-pompiers pour leur réactivité : « Ils sont arrivés dix minutes après l’alerte, avec trois camions. Mais le courant n’était pas encore coupé. Les câbles brûlaient, et le feu se propageait rapidement. Quand EDG a enfin coupé l’électricité, il était trop tard. »
Aujourd’hui, Moussa CAMARA tente de se relever. Mais il garde le cœur lourd, dans l’attente d’un geste de solidarité.
Saa Joseph KADOUNO