La Fédération Guinéenne des Associations des Tradipraticiens et Herboristes (FEGATH) a tenu une conférence de presse ce vendredi 7 février 2025 à la Maison de la Presse. Elle accuse certains membres du Conseil National de la Transition (CNT) et du ministère de la Santé de manœuvres frauduleuses liées à un financement censé leur être destiné.
Un budget voté, mais jamais reçu
Selon Mamady Daman TRAORÉ, président de la FEGATH, des fonds ont été débloqués à leur nom en 2023, mais jamais perçus. « Depuis la création de notre fédération en 2011, tous nos projets soumis aux bailleurs de fonds sont validés, mais nous ne recevons rien. L’argent est détourné. Le ministère a même créé une deuxième fédération pour nous évincer. »
Il affirme que le CNT leur avait attribué un budget de 40 milliards de francs guinéens, dont 12 % pour la FEGATH et 8 % pour le ministère de la Santé. « Sékou DORÉ nous a assurés que nous percevrions notre part pour trois projets : le recensement des tradipraticiens dans les 33 préfectures, leur formation et le contrôle des médicaments, une première en Guinée. »
Un blocage orchestré au sommet
Face à l’inaction, la FEGATH a sollicité une audience avec le président du CNT, Dr Dansa KOUROUMA. « Il nous a d’abord confirmé l’existence de ces 40 milliards. Mais il a ensuite révélé que le ministère de la Santé avait en réalité demandé 73 milliards pour trois groupes, incluant le nôtre. »
Malgré ses instructions pour débloquer les fonds, rien n’a été versé. Entre-temps, la fédération a découvert qu’une autre structure, la Fédération nationale des médecins traditionnels et alternatifs de Guinée (FENAMETAGUI), était considérée comme l’unique entité reconnue par le ministère. « Nous avons porté plainte à l’Inspection générale de la santé, qui nous a confirmé que les deux fédérations étaient agréées. Mais en réalité, c’est l’autre qui reçoit l’argent. Ce détournement est organisé avec la complicité du ministère et de certains responsables. »
Déterminée à obtenir justice, la FEGATH a également sollicité une rencontre avec le ministre de la Santé, en vain. « Son chef de cabinet lui a conseillé de ne pas nous écouter. Le ministre nous a même menacés, affirmant que les tradipraticiens n’ont pas leur place dans le système de santé. »
Face à cette impasse, Mamady Daman TRAORÉ interpelle directement le chef de l’État : « Depuis 2011, nous n’avons reçu aucun franc du budget pourtant alloué à notre fédération. Chaque année, des fonds sont débloqués en notre nom, mais ils sont détournés. Aidez-nous à faire entendre notre voix », a-t-il confié.
À suivre…!
Mamadou Mouctar SYLLA