La victoire du parti au pouvoir au Sénégal lors des législatives ne semble pas surprendre notre analyste géostratège. Thierno Boubacar TOUNKARA estime que les nouveaux leaders sénégalais viennent de remporter, en quelque sorte, un « deuxième tour » des élections présidentielles.
Dans un entretien accordé à Guineepanorama.com ce mardi 19 novembre 2024, Thierno Boubacar TOUNKARA analyse cette dynamique comme une défaite écrasante pour l’ex-majorité et une victoire éclatante pour Ousmane SONKO. « Ces législatives étaient le troisième tour des présidentielles. D’ailleurs, il n’y a pas eu de véritable second tour lors des présidentielles. C’est un tournant dans la vie politique sénégalaise. On assiste à un changement de génération dans la société politique de ce pays voisin. Et ce n’est qu’un début », affirme-t-il.
Évoquant les perspectives, l’analyste souligne : « Si vous intégrez que ce pays, sans ressources hier, est devenu exportateur de gaz et de pétrole, en plus de la qualité de la gouvernance, on peut dire que le ciel est dégagé pour la nouvelle équipe, sauf en cas d’accident. Certes, Sonko bénéficie d’une popularité réelle, non négociée par l’achat de mouvements de masse ou la corruption, mais nous assistons, de manière décidée, à un référendum anti-Macky SALL et, au-delà, au rejet de l’ordre politique ancien. »
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Pour Thierno Boubacar TOUNKARA, la démocratie sénégalaise devrait inspirer les autres pays de la région, mais il émet des réserves quant au cas guinéen : « En politique, il n’y a pas d’imitation ou de copiage. Sinon, tout le monde serait démocratique. C’est une question de culture politique. Il faut une maturité qui s’installe sur le long terme. Depuis 1978, avec l’introduction du multipartisme intégral par le premier président, Léopold Sédar Senghor, le Sénégal a pris les devants en Afrique de l’Ouest, voire en Afrique tout court. La Guinée, en revanche, ne peut pas prétendre suivre le même chemin. Depuis ses premières élections politiques, le pays s’est engouffré dans une spirale d’inachèvement. Pour la Guinée, il y a encore un long chemin à parcourir », conclut-il.
Pour rappel, le PASTEF a raflé 130 des 165 sièges au Parlement sénégalais, selon les résultats provisoires.
Mamadou Mouctar SYLLA