Michel Pépé Balamou est le secrétaire général du syndicat national de l’éducation. Il ne semble pas partager la manière par laquelle le ministère de l’enseignement préuniversitaire est géré par Guillaume Harwing, surtout les préparatifs des examens nationaux. Pour lui, le nouveau ministre n’a fait aucune réforme, au contraire il ne ferait que poursuivre les actions de son prédécesseur. Pour arriver à bout des nombreux cas de fraudes aux examens nationaux, Michel Pépé fait 10 propositions.
VOICI LES DIFFÉRENTES FRAUDES À COMBATTRE EN AMONT POUR POUVOIR MIEUX ERADIQUER EN AVAL LES FRAUDES AUX EXAMENS NATIONAUX
1■ La fraude sur les matériels didactiques et autres consommables de direction qui nous coûtent des milliards de nos francs et qui se retrouvent dans les marchés publics.
2■ La fraude sur le budget de la formation continue des enseignants qui ne suivent aucune formation durant toute l’année scolaire. Que faisons-nous de ce budget ?
3■ La fraude sur le déficit d’enseignants dans certaines matières fondamentales . Comment évaluer des élèves dans les matières dans lesquelles ils n’ont suivi aucun cours surtout à l’intérieur du pays ?
4■ La fraude sur le suivi et l’évaluation des enseignements apprentissages. Quelle est la fréquence des inspections périodiques dans les écoles pour s’assurer de la qualité de la formation reçue par les apprenants? Que faisons-nous du budget alloué aux inspections ?
5■ La fraude sur les évaluations continues , trimestrielles et finales. Les classes intermédiaires sont devenues des passoires. Personne ne redouble.
6■ La fraude sur les listes de candidature. Ceux qui n’ont pas le CEE et le BEPC sont candidats aux différents examens nationaux. On me parle de 18.000 candidats recalés. J’aimerais bien voir cette liste affichée publiquement.
Le mensonge est tellement gros que c’est difficile de l’avaler. On ne peut pas recaler 18.000 candidats sans que cela ne fasse échos dans nos concessions scolaires, voire dans la cité.
7■ La fraude sur le budget des examens. Aucune communication sur ce budget depuis 2018. Alors que le budget des élections nationales est souvent connu.
Quid des examens ? Cette opacité dans la gestion du budget des examens laisserait entrevoir l’existence des centres fictifs, des activités fictives budgétisées et la surfacturation des activités, matériels didactiques et autres consommables utilisés.
8-■ La fraude sur la prime d’aménagement des centres d’examens . En principe chaque centre d’examen doit recevoir une prime pour bien aménager les salles de classe. Que faisons-nous de ce budget ?
9■ La fraude sur le prix des cartes et photos des candidats . Ce prix est officiellement fixé à 10000 GNF. Mais certaines structures déconcentrées le fixent à 20.000 GNF au vu et au su des autorités du MEPUA.
10■ La fraude dans le choix des surveillants . Des non enseignants qui surveillent en lieu et place des enseignants.
● NB: En mettant la main sur la Bible et le coran pour signifier au grand jour leur souci de transparence dans la gestion du budget des examens nationaux et leur volonté de reverser le reste au trésor public et à éradiquer en amont ces différentes fraudes , nos autorités éducatives auront la pleine légitimité de faire jurer les autres sur les livres saints.
À défaut , c’est la poudre aux yeux. Le bon exemple vient d’en haut et l’imitation d’en bas.
La revalorisation des primes de surveillance, de supervision, de correction et l’application stricte des sanctions disciplinaires et pénales sont les seuls moyens efficaces et dissuasifs de la fraude et de la tentative de fraude aux examens nationaux.
Dans tous les cas ce ne sont pas la Bible et le coran qui pourront lutter contre la fraude électronique aux examens nationaux. Les administrateurs des groupes sur WhatsApp sont ailleurs.
Sortons du populisme et prenons les vraies mesures de prévention, de sensibilisation et de répression des fraudes et tentatives de fraudes. Même dans les États théocratiques ( Arabie saoudite ,Iran , Vatican etc) on ne fait pas jurer les surveillants sur les livres saints à plus forte raison dans une république comme la Guinée qui est régie par les lois et non les livres saints.
Michel Pépé Balamou, secrétaire général du syndicat national de l’éducation (SNE)
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